Glen Loverdale ...

Trio

Glen observa son visage et sa silhouette dans le miroir près de la porte. Il portait un jean délavé et une veste noire en cuir sur un sweat polaire noir également. Ce soir, il avait preféré les bottes noires elles aussi dont les talons claquaient sur le bitume. Sa barbe de trois jours lui donnait un air particulier sous ses lunettes noires de marques. Il avait compris que certaines femmes le trouvaient très sexy ainsi, et il en jouait assez régulièrement. Il préférait adopter un regard indifférent à ce qui l’entourait car les femmes aimaient les hommes avec une touche de mystère. Seulement, il savait qu’il ne devait pas ouvrir la bouche lorsqu’il essayait d’aborder une femme car le charme était rompu brutalement. Enfin prêt, il sortit en refermant la porte à clés de l’appartement dans cet immeuble de seconde catégorie. Il descendit rapidement les marches des deux étages et il alluma une cigarette dès qu’il fut dans la rue. Il regarda à droite et à gauche mais il n’aperçut pas l’ami qui devait le prendre en voiture au passage.

─ Pas foutu d’être à l’heure ! Pinaise de pinaise, je peux lui répéter mille fois, Jack est incapable de se rappeler quand on doit se retrouver !

Il écarquilla les yeux de stupeur en voyant la vieille toyota blanche s’arrêter juste devant lui. L’homme qui était au volant avait un grand sourire qui illuminait son visage.

─ Hello, Glen ! Tu te rends compte, je suis pile poil à l’heure !

─ Et alors, lui répondit Glen d’un ton glacial. Tu devrais essayer de t’y tenir les prochaines fois.

L’homme aux bottes noires fit alors le tour de la voiture pour s’installer au siège passager. Il observa son ami et secoua la tête d’un air déçu !

─ Où est-ce que tu crois qu’on va, Jack ? A l’opéra ?

─ Ben quoi ? C’est une super tenue de camouflage un costard et une cravate ?

─ Ouais ! Et t’as prévu les ballerines si on doit se carapater en quatrième vitesse ?

Jack resta muet tout en ouvrant bien grands les yeux et la bouche, il ne comprenait rien à rien. Il mit rapidement le contact et démarra pour aller vers le port. Il espérait qu’il trouverait facilement le bateau  à bord duquel les deux hommes se rendaient. Il y avait peu de voiture à cette heure tardive de la nuit et ils arrivèrent rapidement à destination. Ils avaient décidé de garer la voiture assez loin du bateau pour ne pas éveiller l’attention des rares passants.

 

Jack et Glen parcoururent la courte distance en quelques minutes et ils montèrent sur la passerelle qui donnait accès au bateau. Là, un grand gaillard musclé leur barra le passage.

─ Z’êtes qui vous ? leur demanda-t-il.

─ Lui, c’est Jack. Moi c’est Glen.

─ Jack Daniels et Glen Fiddich ? Vous vous foutez de ma gueule les marioles ? répondit le garde en éclatant d’un rire sonore.

─ T’as combien de dent, lui demanda Glen en serrant les lèvres pour se contrôler.

─ Quoi ?

─ T’es assez jeune pour en avoir trente deux. T’en veux combien en moins ?

Le ton de Glen était glacial et le rire de leur interlocuteur cessa instantanément. Il leur demanda qui les avait conviés.

─ C’est Ta …. Ta …. Ta .. Essaya d’articuler Jack, qui bafouillait rien qu’en penser à cette femme splendide.

─ Tarja, continua Glen. Si tu rigoles, je te fais sauter deux dents direct, précisa-t-il au garde.

Celui ouvrit la porte et s’écarta pour les laisser entrer. Le nom de Tarja avait le pouvoir d’ouvrir beaucoup de portes.

 

Dans la grande cabine du bateau, il y avait une dizaine d’hommes et moitié moins de femmes. Jack en voyant ces femmes en robe de soirée fendues tout le long de leurs cuisses, ressentit des élancements dans sa tête, il essuya d’un revers de main la sueur qui commençait à perler sur son front. Une femme s’approcha rapidement des deux nouveaux arrivants et les observa attentivement.

─ Glen le mal rasé et Jack le Dandy, dit-elle en souriant.

─ Hello, Princesse ! Tu es plus belle à chaque fois que je te vois, lui répondit Glen.

─ He .. He … He … He  .. LLO ! Ta Ta Ta Ta

─ Toujours émotif, mon petit lapin. Tarja avait du mal à cacher son début de fou rire. Dès que Jack parlait à une femme, il ne pouvait s’empêcher de bégayer.

 ─ Nan ! C’est la Co co co co co …

─ Merde, le coupa Glen. T’es passé à la coco ? Tu vas te bousiller le pif à sniffer comme un goret.

─ Nan ! C’est la co co co .. dé dé dé ..

─ Ine ! Codéine, termina Tarja à sa place.

─ T’en as besoin pourquoi ? l’interrogea Glen.

─ Pour mon dos, annonça Jack d’une traite. Il fut surpris de prononcer ses mots sans ânonner et il en ressentit une grande fierté.

─ Bah alors, mon petit Jack ! Je t’impressionne plus puisque tu articules sans problèmes. Attends, je vais te montrer mes jambes jusqu’à la cuisse ! Dit Tarja en éclatant de rire.

─ Nannnnn ! hurla Jack, conscient qu’il ne pourrait plus contrôler sa salive en postillonnant tout ce qui se trouverait devant lui.

Le cri de Jack fit se retourner tous les autres convives de cette soirée particulière. Les hommes et les femmes avaient une coupe de champagne à la main et ils s’activaient autour du buffet dont il émanait d’agréables saveurs.

 

Glen s’approcha de Jack et il fit un clin d’œil à Tarja, signifiant ainsi qu’il la reverrait plus tard.

─ Allez Jack ! On n’est pas ici pour faire le joli cœur.

─ Ce n’est pas juste, Glen ! Pour une fois que j’avais l’occasion de séduire une de ces splendides créatures faites pour la sensualité …

─ Dis donc Coco, t’es en voie de guérison on dirait. Voila que tu penses aux femmes sans co co co … deine !

Jack jeta un regard noir à son compagnon mais à la manière dont celui-ci le toisait, il préféra éclater de rire. Les deux hommes s’éloignèrent donc des autres invités et échangèrent quelques mots à voix basse. Jack écarquilla les yeux de stupeur n’en croyant pas ses oreilles.

─ T’es sérieux là ? Demanda-t-il.

─ On ne peut pas l’être plus, répondit Glen.

─ On va jouer à la balle ? T’as encore revu ton ex-femme toi ! Ca te donne à chaque fois des idées bizarres.

─ Je me demande où j’ai bien pu dégotter un équipier comme toi ! Tu croyais qu’on est venu pour jouer au ping-pong ? Au basket-ball ? Pinaise, réveille-toi mon gars !

─ Tu veux vraiment faire un sale coup pareil à Tarja ? Elle t’arrachera les yeux après !

─ T’inquiète pas, je sais parler aux femmes, et pas besoin de …

─ Ouais, bon ça va ! Et dire que tu l’appelais ton bijou romantique !

─ Et alors ? C’est bien pour mes folies qu’elle m’aime toujours ! Prêt ?

Jack fit un signe de tête pour faire comprendre qu’ils pouvaient passer à l’action, mais son regard noir masquait mal sa colère.

 

Sans dire un mot, les deux hommes passèrent rapidement une main dans le dos sous leurs vestes et ils en sortirent une arme de poing. Ils se tournèrent en même temps et visèrent toutes les lampes, plongeant la grande cabine dans le noir le plus complet. Des cris de panique fusèrent de toutes parts tandis que les hommes et les femmes se précipitaient vers la passerelle.

Tarja se tenait au milieu de la salle, observant de ses yeux nyctalopes les deux hommes qui venaient de ruiner l’organisation de sa soirée.

─ Pourquoi Glen ? Demanda-t-elle.

─ Tu mérites mieux que tous ces dépravés qui ont besoin de toi pour leur cocaïne.

─ Que comptes-tu faire maintenant ?

─ On dépose Jack et on fait un tour ensemble, toi et moi ! Qu’en penses-tu mon bijou romantique ?

─ Tu es incorrigible, Glen ! Mais ça me tente bien ……

─ Mais je n’ai pas envie de rester seul, pleurnicha Jack !

─ Co co co co …furent les mots de Tarja et Glen qui éclatèrent de rire.



25/10/2011
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