Glen Loverdale ...

Mirage du désert

Quelque part au sud du Texas, pas loin de la frontière mexicaine, un bar isolé qui faisait aussi office de station d’essence, pour les véhicules devant faire le plein avant de traverser une portion de désert. Parfois le désert storm souffle si fort qu’il rend fou et fait s’égarer les voyageurs imprudents. Ceux-là, les vautours les guettent avec appétit !

 

Jack et Glen étaient installés à l’une des tables en bois de ce bar, dégustant lentement une téquila, celle-là même qui réchauffe le corps et embrume les esprits. Jack avait bu plus que de raison, alors que Glen en était toujours à son premier verre, d’ailleurs il n’en prendrait pas d’autre puisqu’il allait prendre le volant du puissant 4X4, parfaitement adapté au désert.

 

- Dis-moi Glen, on part quand ? demanda Jack la langue un peu pâteuse.

- Dès que tu auras fini de te souler, mon petit père !

- Quoi ? Ivre, moi ? Tu rigoles !

- Nan, Jack !

- Nan quoi ?

- Tu n’arrives déjà plus à me suivre. Nan, je ne rigole pas !

- Ok ! Ok ! Ok ! Te fâche pas ! Allons-y !

- Tu ne termines pas ton verre ?

- Bah non ! Tu dis que j’ai assez bu. Pour une fois, je vais t’écouter !

 

Les deux hommes de levèrent en même temps et Jack parvenait à marcher droit, sans tituber, malgré les cinq ou six téquilas, il n’avait pas compté, qu’il avait bu en peu de temps. Ils sortirent du bar et s’approchèrent de la voiture. Tandis que Jack s’installait sur le siège passager, Glen en profita pour vérifier tous les niveaux. Pas question de tomber en panne en plein désert. Tout lui semblant parfait, il monta et démarra le moteur puissant, qu’il fit un peu vrombir pour écouter ce son si doux à ses oreilles de passionné de bonnes et belles voitures. Il roula lentement pour sortir de ce qui ressemblait de loin à un parking et accéléra après avoir parcouru quelques centaines de mètres. Il aimait conduire et même si la conduite dans un désert est particulière, il se savait bon conducteur. Il ne se prenait pas pour un pilote de rallye, mais il en avait largement les capacités.

 

- On va où ? Demanda Jack d’une voix endormie.

- On va aller vers la frontière, pas loin du Rio Grande, puis on remontera vers le Colorado.

- Et on dort où cette nuit ?

- J’en sais rien, on avisera le moment venu !

- Ah ! j’aime tes plans sans accrocs !

- Tais-toi et dors, Jack ! Ca t’évitera de dire des conneries.

- Ok ! Ok ! Ok ! répondit Jack qui ferma alors les yeux pour essayer de s’assoupir un peu. Il ressentait maintenant les effets des téquilas et il voulait éviter le mal de crâne inévitable.

 

Jack s’était finalement endormi et son ronflement sonore couvrait presque le bruit du moteur de la voiture. Glen était concentré sur la conduite, il ne voulait pas se retrouver enlisé dans le sable. Il savait que les téléphones portables ne passaient pas dans ce coin, même si le sien était un modèle satellitaire. Jack ouvrit brusquement les yeux, surpris que la voiture soit à l’arrêt.

 

- Que se passe-t-il, Glen ? demanda-t-il en rejoignant son ami qui se tenait près du capot moteur ouvert.

- On est en panne, Jack ! La seule chose que je ne voulais pas nous tombe dessus ! Quelle merde.

- Et tu sais où on est ?

- On est loin de tout. Le prochain village est à dix kilomètres d’après le GPS.

- Oh ! Merde de merde de merde !

- Je ne te le fais pas dire.

- Qu’est ce qu’on fait ?

- A ton avis ? Une bonne marche sous le soleil dans le désert, ça te dit ?

- Pas vraiment mais on n’a pas le choix !

 

Glen rabattit le capot, prit les deux gourdes d’eau qu’il avait rempli au bar, en tendit une à Jack et lui fit signe de le suivre. Jack maugréa des mots inaudibles mais se mit en route. Les deux hommes portaient des bottes mexicaines, pas vraiment adaptées à la marche, mais ils n’avaient pas imaginé tomber en panne. Le soleil n’était plus au zénith mais la température était accablante. Ils avançaient côte à côte sans se parler.

 

- Glen, regarde là-bas !

- Quoi ? Où ?

- Droit devant !

- Je ne vois rien, que vois-tu Jack Tequila ? Interrogea-t-il d’une voix moqueuse.

- Regarde !!!! des couguars ! Il y en a dix !

- Des couguars ou des femmes couguars ?

- Nan des couguars ? Et c’est quoi des femmes couguars ?

- C’est pas pour toi, t’es trop vieux pour ça !

- Ah ouais ? Suis pas un vieux croulant ! C’est quoi, répond bordel de merde !

- Ce sont des femmes d’un certain âge qui sont intéressées par des petits jeunes. C’est pas pour toi …. Ah ah ah ah ah ah !

- Ouais ! tu riras moins quand tu serviras de casse-croûte aux couguars à quatre pattes et aux crocs acérés !

- Arrête, Jack ! Ce sont des mirages, tu as pris trop de téquila !

- Ouais, on va dire ça ! N’empêche que je les vois, moi !

- Ben moi, je ne vois rien. Tais-toi et marche. Si tu parles trop, ça va te donner soif !

- Mouais !

 

La longue marche des deux hommes semblait interminable et le jour déclinait lentement. Les températures du désert sont accablantes de chaleur le jour et elles tombent brutalement la nuit. Il fallait faire vite pour rejoindre le village qui devait être à moins de trois kilomètres maintenant. Soudain, Jack s’effondra et s’étendit de tout son long sur le sable chaud. Glen se précipita vers lui et lui versa de l’eau, qui avait tiédi, sur la tête.

 

- Ca va, Jack ? demanda Glen d’une voix inquiète.

- Qui êtes-vous ???

- Je suis Glen, tu ne me reconnais pas ?

- Glen ? Si tu es Glen, moi je suis puceau !

- Tu délires grave, Jack !

- Quoi ? Je suis puceau ?

- Arrête, Jack ! Ce n’est pas drôle.

- Puceau ! Puceau ! Moi ? Mouah ah ah ah ah ah ah

 

Voyant que son ami était en plein délire, Glen lui versa le reste de sa gourde sur la tête. Puis, il aida Jack à se relever, celui-ci n’avait plus aucune réaction, son corps relâché semblait peser une tonne. A quelques dizaines de mètres, il y avait un rocher sous lequel Glen pourrait laisser son ami à l’ombre. Il irait seul au village chercher du secours, Jack était incapable de faire un pas de plus sous ce soleil de plomb. Il étendit Jack du mieux qu’il put, enleva sa veste légère et en couvrit son ami. Puis, après un dernier regard, il reprit la marche en accélérant son pas, pour arriver au village avant la tombée de la nuit.

 

Cela faisait presque une heure que Glen était parti et soudain Jack s’éveilla en sursaut. Il s’assit, surpris d’être seul sous un rocher dans le désert. Il cligna des yeux plusieurs fois, il n’en croyait pas ses yeux. Plusieurs hommes étaient debout face à lui, il remarqua qu’ils avaient des pattes de couguar et une moustache de puceau, ils avaient tous le même visage.

 

- Qui êtes-vous donc ? hurla-t-il de terreur.

- Nous sommes l’incarnation des puceaux couguars, s’entend-il répondre.

 

Il poussa un cri de terreur du plus profond de son être et ressentit soudain une violente douleur sur la joue gauche.

 

- Putain de merde, Jack ! Faudra penser à arrêter la téquila.

- Glen ? hurla encore Jack.

- Et arrête de gueuler comme ça, tu vas réveiller tout le village.

- Tu es revenu me sauver !

- Ouais ! et suis pas sur que c’était une bonne idée !

- Tu as vu les couguars puceaux ?

- Ouais … on va dire que je les ai vus. Ferme ta gueule ou je t’assomme pour le compte !



11/07/2012
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