Glen Loverdale ...

Gants de rêve

Je quitte la route nationale et vais au bout de l’allée de la résidence. Je me gare sur le petit parking et sors de la voiture. Je regarde le petit bâtiment qui me rappelle tant de souvenirs lointains. Un homme âgé s’approche de moi et me demande si je suis le nouvel entraineur. Sa question me surprend et je lui réponds par la négative. En le dévisageant, je reconnais son regard. Il a le visage ridé, perdu ses cheveux et pris du poids, mais ses yeux et son sourire n’ont pas changé. Il m’observe comme si mon visage lui rappelait quelqu’un, il secoue la tête car il ne m’a pas reconnu. Je lui demande si je peux entrer dans le local d’entrainement. D’un geste de la main, il m’invite à y aller.

J’ouvre la porte et entre dans ce qui est toujours le vestiaire. Il n’y a personne et je sors de l’autre côté pour me diriger vers le couloir. Je marche lentement jusqu’à  la salle d’entrainement, qui est identique à celle dont je me souviens. Je ferme les yeux, laissant remonter les moments du passé à la surface de ma mémoire. Je respire l’odeur du cuir des gants, du sac de sable ainsi que celle de la poire. J’entends le sifflement des cordes à sauter, les gants qui frappent le sac, les chaussures de sport qui glissent sur le sol propre. Les souffles sont courts et l’odeur de sueur est forte dans cette salle fermée. J’ouvre les yeux et m’aperçois que je suis seul ici.

Je ferme à nouveau les yeux et j’entends les clameurs des spectateurs. Je revois un jeune homme portant fièrement le peignoir du club. Il traverse la salle de sports, sans un regard pour la foule qui crie et siffle de plus en plus fort. Il est suivi par un homme plus âgé qui lui parle à l’oreille. Le visage du jeune homme est fermé, il écoute sans entendre. Son regard est fixe, il avance rapidement vers le ring. Il passe entre la deuxième et la troisième corde en un mouvement souple. Il sautille alors sur le ring pour ne pas perdre le bénéfice de son échauffement dans les vestiaires.

Une main se pose sur mon épaule et je rouvre les yeux. Surpris de revoir l’homme qui se tient près de moi, je lui souris. Il me serre dans ses bras et je lui rends cette étreinte amicale. Nous nous écartons l’un de l’autre pour nous dévisager. C’est avec lui que j’ai porté les gants pour le combat de mon premier entrainement, dans cette salle de boxe. J’inspire à fond et je soupire de joie. Il me demande si j’ai envie de mettre les gants. J’en ai très envie mais je sais que je ne peux pas. Je ne peux plus !



18/05/2013
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