Glen Loverdale ...

Desert Trip ... suite

Le soleil dardait ses rayons sur l’homme qui marchait encore et encore. Il s’était retourné plusieurs fois pour voir si le vieillard le suivait. Nulle présence autre que la sienne dans l’étendue désertique. Glen avait compris que la quête ne dépendait que de lui, de personne d’autre. Le regard du vieil homme avait plongé en lui, comme pour lire dans son âme, dans son cœur. Pourtant, il avait refusé de l’aider à comprendre le sens des choses. Le sens de sa vie lui semblait vide de tout. Glen s’arrêta et leva la tête vers le soleil puis secoua la tête en éclatant d’un rire démoniaque. La folie s’emparait de son esprit affaibli, son corps épuisé réclamait le repos qu’il ne pouvait se permettre de lui donner. S’il n’avançait plus, il mourrait. Glen rit de ses pensées délirantes et s’allongea sur le dos, ne se souciant plus de rien. Il n’avait plus à boire, ses lèvres étaient desséchées et douloureuses. Il ferma les yeux en espérant que la mort l’emporte vite, sans qu’il ne souffre. Son corps fut parcouru de frissons, il avait froid malgré la chaleur intense. Ouvrant difficilement les yeux, il fut surpris de voir le soleil au zénith. Il était hors du temps.

 

Glen se redressa aussi lentement que ses membres endoloris le permettaient. Son orgueil lui intimait de reprendre la marche infernale. Une voix dans sa tête l’obligea à mettre un pied devant l’autre. Encore et encore. Il eut envie d’hurler qu’il trouverait le bijou romantique, pour prouver au vieil homme que sa quête avait un but. La forme qu’aurait le bijou romantique n’avait plus aucune importance. Le temps lui appartenait, lui aussi verrait au-delà des choses, au-delà du temps, comme le vieillard. Glen ne comprenait pas qu’il était peut-être sur la voie de la sagesse, celle qui redonne à chaque être sa véritable valeur. Mais que signifiait la valeur d’un homme dans le désert, s’il n’a pas d’eau pour survivre. Glen sut alors que les hallucinations s’étaient emparées de lui. La peur prit possession de son esprit, il se retint de courir sur le sable brûlant.

 

L’homme, au bord de l’épuisement, marcha jusqu’à la tombée de la nuit. Au loin, il aperçut une lueur étrange, celle d’un feu allumé dans le désert. Sa raison hurlait que cela était impossible. Pourtant son cœur battait de plus en plus vite. L’espoir n’était pas encore mort, il se surprit même à penser que le vieil homme l’attendait pour l’aider. Cela semblait impensable mais il se raccrocha à cette espérance. A quelque dizaines de mètres du feu, il aperçut un homme assis, lui tournant le dos. Glen secoua la tête plusieurs fois mais la forme ne disparut pas. Les mirages du désert n’existaient que sous le soleil, pas sous la lune qui était encore pleine.

 

- Viens près de moi et assieds-toi, dit l’homme d’une voix profonde et grave.

- Qui es-tu ? Demanda Glen en obéissant à l’inconnu du désert.

- Peu importe qui je suis. Sache que je peux être aussi dangereux et venimeux qu’un cobra.

- Donne-moi de l’eau au lieu de parler pour ne rien dire, se souvenant que le vieillard avait utilisé les mêmes mots.

- Tout a son importance ici, Glen !

- Comment sais-tu mon nom ? Interrogea Glen en écarquillant les yeux de stupeur.

- Tout comme le vieillard que tu as vu la nuit dernière, je vois ce qui n’est pas visible. Je comprends ce qui n’a pas de sens.

- Dois-je dire quelque chose ?

- A ta guise !

- Donne-moi de l’eau, Cobra !

- Tu peux m’appeler ainsi, cela me plait !

- Ton nom n’a aucune importance pour moi, donne moi à boire au lieu de parler dans le vent de la nuit.

- Le mérites-tu ?

- Ta question est stupide, Cobra !

- Ta réponse l’est tout autant.

- Garde ton eau, je n’en ai plus besoin.

- Tu es un homme étrange, Glen. Tu veux puis tu ne veux plus. Ne sais-tu donc pas qui tu es depuis tout ce temps ?

- Peu importe qui je suis. Ou qui je ne suis pas.

- Tes mots sont beaux mais ils ne veulent rien dire ! Dit Cobra en souriant.

- Ce sont les miens, rien ne t’oblige à m’écouter.

- Tu as sans doute raison, je devrais te laisser à ton sort.

- Pourquoi es-tu ici ?

- Regarde-moi bien Glen !

- Que suis-je censé voir ? Rétorqua Glen en fixant Cobra d’un regard noir.

- Tu regardes mais tu ne vois pas.

- Peu importe, répondit Glen avec agressivité.

- Revenons à l’essentiel. A la raison de ta présence dans le désert.

- Vas-y Cobra. Tu m’intéresses si tu sais mieux que moi !

- Tu as dit au vieil homme que tu cherchais le bijou romantique. C’est bien ça ?

- Peut-être mais cela ne te regarde pas, Cobra ! répondit Glen d’une voix méprisante.

- Ne joue pas à ce jeu avec moi. Tout comme le vieillard, je lis en toi comme un livre ouvert.

 

Glen se redressa et dévisagea encore cet homme étrange. En regardant attentivement, il eut l’impression de retrouver ses traits dans le visage de Cobra. La barbe de celui-ci avait masqué cette évidence hallucinante. Il eut soudain l’étrange sensation de parler au frère jumeau qu’il n’avait pas. Il ferma et rouvrit aussitôt les yeux mais le malaise grandissait en lui.

 

- Je t’écoute, dit alors Glen d’une voix calme.

- Te voilà revenu à la raison, c’est une bonne chose.

- Pourquoi me parles-tu d’un bijou romantique, questionna Glen sans faire attention à ce que venait de dire Cobra.

- De tous temps, les hommes cherchent ce qu’ils ne peuvent obtenir. Tu n’es pas différent des autres.

- Oui je sais bien. Et alors ?

- L’important n’est pas de trouver quoi que ce soit.

- Je suis impressionné par ta sagesse, coupa Glen d’un ton ironique.

- Ne joue pas au cynique désabusé avec moi. J’ai été comme toi dans un passé pas si lointain.

- Continue Cobra, dit Glen attentif aux mots de l’homme assis face à lui.

- Tu n’es pas un roc, même si tu veux qu’on le croie.

- Quoi d’autre ?

- Il faudra que tu comprennes un jour que le sens de la Vie n’est pas de trouver, mais de chercher.

- Ce qui signifie que je suis perdu dans le désert pour entendre tes mots qui n’ont pas de sens ?

- Tu comprendras un jour mes paroles. Tu n’y es pas encore prêt !

- Peu importe, répliqua sèchement Glen.

- Je n’existe pas, dit alors Cobra.

- Pourtant nous parlons toi et moi, répondit Glen en éclatant de rire.

- Je suis ton autre moi, hurla presque Cobra en disparaissant.

 

Glen tourna la tête de tous côtés ne comprenant plus rien à rien. Il s’approcha de l’endroit où était assis Cobra et sentit le sable chaud sous ses doigts. Ecarquillant les yeux de stupeur, il aperçut l’empreinte des chaussures de Cobra. Glen ferma les yeux sous la caresse rafraichissante du vent du désert. Lorsqu’il les rouvrit, plus rien n’indiquait qu’un homme était assis là où s’était tenu Cobra.

 

« Le vent du désert efface les rêves et les cauchemars », se dit Glen en éclatant de rire.



03/02/2013
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