Glen Loverdale ...

Desert Trip

La lune pleine semblait si proche qu’on aurait pu la toucher du bout des doigts, pourtant elle était si lointaine qu’elle rendait les rêves illusoires. Peu à peu, le ciel noir s’éclaircissait laissant les couleurs réapparaitre. La nuit n’a pas de couleurs, elle rend les formes sombres, grises ou blanches. Le froid glacial des ténèbres profondes s’estompait peu à peu tandis que le soleil commençait à darder ses rayons de chaleur sur l’étendue vierge. Pas un chant d’oiseau, pas un cri d’animal, seul le silence régnait, oppressant et terrifiant. L’homme blessé étendu à terre se leva, il marchait péniblement. Deux jours plus tôt, Glen avait ressenti une violente douleur au bas du dos mais il ne pouvait pas stopper sa longue marche. Depuis, la souffrance culminait à un point qu’il n’aurait jamais imaginé dans ses pires cauchemars. Mettre un pied devant l’autre n’était plus possible, mais au-delà de toute logique, il avançait encore. Il s’étendait sur le sable bien après que la nuit soit tombée, grelottant de froid. Le désert est impitoyable pour celui qui s’y aventure, défiant ainsi la nature qui sait être dure pour l’imprudent ou l’inconscient.

 

Le moteur de sa voiture avait cassé dès les premiers kilomètres qu’il avait parcourus sur le sable du désert. Il avait compris qu’il devrait marcher longtemps, sans doute au-delà de ses limites physiques. Il ne savait pas encore à ce moment là qu’il lui faudrait aussi aller bien plus loin que sa résistance psychologique lui permettrait. Il utilisait sa montre comme boussole, comme il l’avait appris quand il faisait partie d’une unité d’élite. Il avait économisé l’eau mais cela n’avait pas été suffisant, il en avait juste pour une journée en faisant attention. Depuis quatre jours et trois nuits, il était seul dans le désert. Affamé et assoiffé, il n’avait pas encore peur, du moins il tentait de la contrôler. Il refusait de laisser la panique gagner le combat qu’il menait pour sa survie. Pourtant, il savait que la mort n’était qu’une question de temps si ses pas ne le menaient pas à un point d’eau.

 

Il se mit à parler à voix haute, faisant les questions et les réponses. Il clignait des yeux pour voir au-delà du désert, au-delà de sa peur. Il les écarquilla de stupeur quand il crut voir un nuage de sables et aperçut des hommes sur des chameaux. Il mit sa main devant ses yeux puis l’enleva et poussa un cri de désespoir. Ce n’était qu’un mirage. Alors, contre toute logique, il s’arrêta et s’assit sur le sable de cette étendue désertique qu’il maudissait. Les yeux clos, il n’avait plus la force de résister à quoi que ce soit.

 

- Que fais-tu ici, entendit-il.

- Hein ? Répondit Glen d’une faible voix tant ses lèvres sèches faisaient mal.

- Que fais-tu ici ? Interrogea à nouveau la voix.

 

Glen se concentra sur la forme étrange qui se tenait debout devant lui. Levant la tête, il poussa un cri de stupeur, le corps n’avait pas de tête. S’il en avait eu la force, il aurait pris la fuite mais la douleur le clouait au sol. Il entendit alors le rire qui le pétrifia de terreur et il vit alors le visage de l’homme. Un sourire empreint de douceur illuminait le regard de l’être humain qui était son compagnon du désert.

 

- Je cherche le bijou romantique, murmura Glen.

- Le bijou romantique ? Et tu crois le trouver ici ?

- Peut-être !

- Regarde donc autour de toi, il n’y a rien. Toi et moi, nous sommes les seules créatures humaines vivantes.

- Tu es peut-être vivant, je ne le suis plus pour longtemps.

- Tu abandonnes facilement, entendit-il juste avant que le rire terrifiant ne reprenne.

- Je suis réaliste, tout simplement. Cesse donc de rire ainsi, il n’y a rien de drôle !

- Détrompe-toi, ta situation est terriblement amusante.

- Pourquoi pas, rétorqua Glen d’un ton sans conviction, tout en se mettant debout sur ses pieds.

- Tu trouves encore la force de te redresser, tu n’es pas encore mort !

 

Glen était tout près de cet homme étrange et s’aperçut que c’était un vieillard. Malgré la lassitude et l’épuisement, il se tenait bien droit masquant la douleur qui prenait possession de son corps.

 

- Je ne crois pas que tu sois à la recherche du bijou romantique. Tu es dans le désert sans lumière et tu sais parfaitement pourquoi tu es venu !

- Qui es-tu pour penser à ma place ?

- Je vois au-delà du temps, au-delà des choses !

- Tiens donc, alors éclaire-moi sur ma quête, dit Glen en éclatant de rire.

- La réponse est en toi, tu n’as pas besoin de moi !

- Tu te moques de moi, vieil homme.

- Tu te poses des questions sans réponse. Les réponses viennent toujours sans question. L’aurais-tu oublié ? Tout comme tu as oublié le visage de l’amour ?

- Donne-moi à boire au lieu de philosopher, supplia Glen.

- En marchant encore deux jours, tu atteindras un point d’eau. Des hommes de donneront de quoi t’alimenter là-bas. Je ne peux rien pour toi !

- Pourquoi me tortures-tu inutilement ? Tu es au seuil de la mort, vieillard !

- La mort ? La vie ? La non-vie ? tout cela n’a de sens que pour les vivants.

 

Sans un mot, Glen contourna l’homme mystérieux et reprit sa longue marche. Le bijou romantique, il le cherchait depuis toujours sans l’avoir jamais trouvé. Il pensait en avoir été  proche plusieurs fois. Il s’était tellement trompé qu’il ne croyait plus en quoi que ce soit. Rien d’autre n’avait d’importance que d’avancer encore et encore. Il se dit que la traversée du désert sans lumière serait longue sans qu’il ne soit sur de sortir des ténèbres de son âme morte. Il se retourna et ne fut même pas surpris de s’apercevoir qu’il était seul, définitivement et terriblement seul. Pourtant, il se refusait à renoncer … sans savoir pourquoi !



24/12/2012
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