Glen Loverdale ...

Chien et Chat

J’étais rentré chez moi, fatigué et désabusé. Il m’avait fallu quelques jours pour réussir le sevrage à la morphine médicale et comprendre que l’histoire, mon histoire, se terminait. Elle m’avait dit qu’elle partait et cela ne m’avait presque pas touché, je m’y attendais. Je l’avais accompagné à la porte et ils me suivaient tous les deux.

 

Il ne m’avait pas fait la fête ce soir et j’en avais été surpris. Il me regardait avec ses grands yeux qui paraissaient toujours tristes. J’étais persuadé que son précédent propriétaire le battait. Une fois j’avais levé la jambe, le pied vers lui, et il avait reculé avec de petits aboiements craintifs. Je n’avais plus jamais eu ce geste, pour ne pas l’effrayer.

 

Il se tenait toujours un peu en retrait et s’approchait de moi en miaulant lorsqu’il avait faim. Parfois le soir, il venait prendre place sur mes cuisses et ronronnait sous mes caresses machinales. Mais la plupart du temps, il passait les nuits dehors comme le prédateur qu’il était devenu. Il ne revenait que le matin et déposait les offrandes de ses chasses nocturnes devant la porte.

 

Mais ce soir, ils avaient un comportement étrange, tous les deux. Un comportement que je n’avais jamais vu auparavant. Au moment de son départ, ils s’étaient rapprochés de moi en même temps. J’avais cru que le chien voulait sortir dans le parc de la maison pour ses besoins. J’avais cru que le chat réclamait que j’ouvre la porte pour qu’il puisse chasser toute la nuit. J’avais donc ouvert mais ils n’étaient pas sortis. Au loin, j’avais entendu un bruit étrange comme celui que fait un animal. Cela ne ressemblait pas à un chien, ni à quoi que ce soit que je connaisse. J’avais levé la tête vers le ciel pensant qu’il allait y avoir un orage. Mais le ciel était clair, sans nuages.

 

Le chien gémissait craintivement et refusait de sortir. Le chat miaulait en se frottant contre mes jambes. Ils sentaient quelque chose que je ne percevais pas. Je voyais bien pourtant qu’ils avaient peur d’un danger, inexistant à mes yeux. L’instinct des animaux est supérieur à celui des humains, mais je ne comprenais pas leurs comportements inattendus. J’étais sorti pour les inciter à me suivre et leur montrer ainsi qu’il n’y avait rien à craindre. Ils avaient avancé un peu, puis étaient rentrés dans la maison. J’étais perturbé par ce que j’avais vécu les jours précédents, je ne croyais pas qu’ils pouvaient percevoir mes sentiments, mes émotions. Je n’avais jamais eu ni chien ni chat avant eux.

 

J’étais rentré à mon tour puisqu’ils n’avaient aucune envie d’être dehors. Dans la maison, ils me suivaient partout tous les deux. J’avais l’impression qu’ils avaient besoin de se sentir rassurés par ma présence. Leurs comportements me perturbaient vraiment parce qu’ils n’avaient jamais été ainsi, tous les deux.

 

Je m’étais installé sur le fauteuil du salon, où ils m’avaient rejoints. Le chat prit place juste à côté de moi et le chien se mit à mes pieds. J’avais parlé longtemps sans avoir la notion du temps. Je me parlais à moi-même, c’était seulement en voyant que la nuit était tombée que je m’étais levé. Le chat se tenait près de la porte pour sa sortie nocturne. Le chien allait de long en large dans le couloir, pour aller faire ses besoins.

 

Ils me regardaient tous les deux et j’ai vu l’humanité en eux.

 



10/02/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 11 autres membres