Glen Loverdale ...

Burning Fire

Je te vois chaque jour, toujours assis à la même place. Tu es juste sur le dernier banc avant la cafétéria. Je fais comme tous les autres, je regarde ailleurs. Tu as les yeux fixés sur un point que toi seul voit, juste devant toi. Dès que je sors de l’ascenseur, je t’aperçois. Alors je me demande par où passer, pour t’éviter, pour ne pas te voir. Et surtout ne pas te regarder. Ton visage est sans expression. Ton regard est vide. Tu sais que tu fais peur à voir. Mais toi, il faut bien que tu vives avec ton visage. Vivre ? Survivre plutôt !

 

Pourtant tu es un être humain. Toi aussi, tu t’es engagé pour ne pas être chômeur ? D’où reviens-tu ? D’Afghanistan ? Tu y as gagné un ticket pour  l’enfer. Je me suis imaginé à ta place, face au miroir. Tu te rappelles peut-être l’avant. Quand ton sourire charmait les filles, quand tes yeux pétillaient. Ils t’ont donné une médaille peut-être, mais elle ne te sert à rien. Ils ne te redonneront jamais ce que tu as perdu, jamais !

 

Aujourd’hui, j’ai décidé de te regarder. Parce que tu es un être humain, pas une bête curieuse qui fait peur aux enfants. Parce que tu es un être humain, pas une créature monstrueuse qui fait se détourner les yeux. Combien de greffes de peau as-tu subi ? Combien de temps encore pour que tu retrouves le sourire ? Combien de temps pour qu’on te regarde comme un homme ? Je n’ai pas voulu te dévisager, juste échanger un regard avec toi. Tu as eu un petit sourire triste parce que tu as cru que je jouais à me faire peur en te regardant. Je t’ai souri aussi, pour essayer de te rendre ta dignité humaine.



14/04/2013
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