Glen Loverdale ...

Blood's line

Les années ont passé. Presque un demi-siècle. Je ne te connais pas et tu ne sais pas qui je suis. D’ailleurs, je ne sais pas qui je suis moi-même. Je ne voulais pas te ressembler. Tu as toujours été un homme dur, n’admettant pas qu’on puisse être faible. Il ne fallait pas montrer ses émotions, ni ses ressentis. Il ne fallait pas dire les mots et ne pas les laisser deviner. Sans le vouloir, je suis devenu un roc. Je suis devenu ce que je me refusais d’être. Je cherchais l’étincelle dans ton regard, celle qui aurait montré que tu étais fier de moi. En vain ! 

 

Alors je suis allé de plus en plus loin dans la voie du roc, celle qui ne mène nulle part. Mais je ne le savais pas et refusais de le voir et l’admettre. Au hasard d’une rencontre étrange, une femme m’a montré l’évidence. Cette évidence que je n’ai jamais vu, que j’ai refusé d’admettre. Il aura fallu presque cinquante ans pour que je comprenne enfin. Tu n’imagines pas à quel point c’est difficile. Cette femme, elle a su voir loin en moi, bien plus loin que je n’aurais pu le penser. Ce roc que j’ai essayé d’être à ma manière, pour que tu me voies enfin, a été un gâchis immense. Puisque tu ne m’as jamais donné le regard que j’attendais. 

 

Ce regard, tu me l’as offert aujourd’hui. Je ne suis même pas certain que tu en sois conscient. Je ne me trompe pas en disant que je l’ai vu. J’ai attendu presque cinquante ans sans jamais y croire. Alors, je suis sorti de ta chambre d’hôpital. Devant l’entrée principale, j’ai allumé une cigarette avec ton regard devant mes yeux. Et j’ai enfin laissé les larmes couler ! 



08/04/2013
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