Glen Loverdale ...

Olivier Norek : Code 93 - Territoires

Lecteur de romans policiers, essentiellement américain (Michaël Connelly par exemple),  je regarde les livres du rayon polar de la Fnac. Je vois un auteur français que je ne connais pas. Lassé des cold case de Connelly, je lis la quatrième de couverture d’un livre dont le titre est « Territoires ». Interpellé par ce court texte, je décide d’aller à la découverte de l’univers d’Olivier Norek. Avant de commencer la lecture, je vois que l’auteur est lui-même flic (rien de péjoratif dans ce terme, nous sommes d’accord) et que l’action de « Territoires » se situe en Seine Saint Denis, le 9 3 pour les « initiés ».

 

Je ne vais pas résumer ici ce roman qui m’a captivé au point de l’avoir dévoré en quelques heures. Effectivement, cela se passe dans le 93 où Norek nous fait plonger au cœur d’une banlieue difficile, pour ne pas dire explosive. Olivier Norek maîtrise parfaitement son sujet et nous fait plonger au cœur d’une violence qu’on a parfois du mal à imaginer, mais pourtant bien réelle. Là où l’écriture de Norek se révèle, c’est aussi par l’aspect « social » qui y est montré sans que cela prenne la forme d’un reportage complaisant où à charge. L’intrigue ne serait pas complète sans y intégrer le « politique » avec les politiciens professionnels qui utilisent les caïds locaux pour assurer leurs élections ou réélections.

 

Un roman policier a besoin de « flics » et c’est ainsi que j’ai fait la connaissance du capitaine Coste qui fait face, avec son équipe, à des faits qu’on imagine romancé. Détrompez-vous et souvenez-vous de ce que je disais plus haut, à savoir que Norek est inspecteur. Comme de bien entendu, toute ressemblance avec des personnages ou situations existantes ou ayant existé serait fortuite … quoique ! Rassurez-vous c’est un polar bien rythmé et dont la progression de l’intrigue est captivante. Bien sûr, il y a une description de banlieues qui sont à la limite de zone de non droit sans que cela soit un essai de plus sur la vie dans ces quartiers et cités, ainsi que les trafics en tous genres qui assurent le pouvoir de caïds locaux. Il n’empêche que Coste et son équipe y vont quand même. C’est en cela que j’ai fait le rapprochement avec ce que dit Hyeronimus Bosch (le personnage de Connelly) : tout le monde compte ou personne ne compte. Effectivement, cette phrase colle parfaitement à Coste.

 

Pour en revenir à Coste, justement, il me manquait quelque chose à la lecture de « Territoires ». Quoi donc ? Et bien, la fragilité de cet homme blasé qui ne baisse pas les bras. Quoique fragilité n’est pas très approprié puisqu’il s’agit surtout de savoir ce qui dans le passé de Coste fait que sa personnalité est telle qu’elle est. Je reviendrai sur cet aspect plus loin.

 

Après avoir lu « Territoires » et avoir été captivé par la plume d’Olivier Norek, j’ai donc lu « Code 93 », qui est le premier roman policier de l’auteur. On peut commencer par l’un ou l’autre, mais personnellement je conseillerai de lire d’abord « Code 93 ». Comme indiqué dans le titre, cela se passe aussi en Seine Saint Denis. Le roman est très différent de « Territoires », on y découvre Coste et son équipe pour la première fois dans un contexte policier très particulier. Imaginez un bref instant qu’un homme donné pour décédé par mort violente se réveille alors même que son autopsie vient de commencer. Plus tard dans le récit, Olivier Norek décrit ce qu’a subi cet homme et je ne cache pas que cela m’a mis mal à l’aise. Parce que c’est assez violent voire horrible, donc les âmes sensibles sont prévenues. Mais « Code 93 » est bien plus que cela parce qu’à mon avis, Olivier Norek a fait très fort avec son premier polar. Par petites touches, il nous emmène dans son intrigue fort bien ficelé qui est hallucinante.

 

« Code 93 » se lit très vite aussi tant l’intrigue, les intrigues, sont captivantes. C’est aussi dans ce premier roman de Norek qu’on découvre la vraie dimension psychologique du capitaine Coste. Cet homme est désespérément humain dans sa manière d’appréhender l’amitié, la relation amoureuse aussi. Cet aspect de la personnalité du personnage principal m’a beaucoup plu. Encore une fois, la plume de Norek n’est pas complaisante, elle est redoutablement efficace et percutante.

 

Je ne peux pas clore cette chronique sans évoquer les dialogues percutants et teintés d’ironie, dont j’ai envie de dire qu’ils sont à la fois cyniques et réalistes. Ce sont ces échanges entre les personnages qui permettent au lecteur d’aspirer une bouffée d’oxygène pour souffler un peu.

 

Que dire de plus ? Rien si ce n’est que je commence la lecture de « Surtensions », le troisième polar d’Olivier Norek. Quand on découvre un auteur de la trempe de Norek, il n’y a pas d’autres options possibles que de lire chacun de ses livres et de suivre cet auteur étonnant qui mérite d’être connu.

 

Vous trouverez peut-être que cette chronique est trop élogieuse ? Lorsque vous aurez lu « Code 93 », « Territoires » … vous ne pourrez que partager mon avis sur Olivier Norek !



29/08/2016
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